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notes sur l’éducation publique

Par là nous sortons presque du sport pour atteindre les régions philosophiques. Ce langage n’est pas nouveau. C’est celui des stoïciens de tous les temps. Les gymnases grecs ont sans doute retenti fréquemment de paroles analogues dites par d’obscurs disciples des grands penseurs et répétées par de simples maîtres de gymnastique, qui ne croyaient pas que cette recette de virilité dût jamais être perdue pour des peuples civilisés.

L’antiquité en fit un usage abondant, cela est certain ; mais de nos jours s’en sert-on ? Est-elle même applicable à notre civilisation présente faite de hâte fébrile et d’âpre concurrence ? Et le sport qui nous est revenu de si loin, après une éclipse si longue et si absolue, n’a-t-il pas complètement changé de caractère ? Ne tend-il pas à se confondre avec l’usage d’instruments de locomotion de plus en plus perfectionnés ? Est-ce bien là ce même athlétisme dont la portée morale était sans cesse proclamée et dont le mot d’ordre du Père Didon tendrait à rétablir la formule ?

À ces questions le temps donnera une réponse définitive ; mais déjà il appert que si les formes sont en partie nouvelles, l’esprit est demeuré le même. L’instinct sportif est tou-