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choisir, pour vider la querelle, un des congrès de l’Association pour l’avancement des Sciences le montrait clairement. Ces congrès annuels qui s’installent successivement dans chacune des villes de France, y groupent passablement d’hommes distingués mais dont la plupart y viennent chercher quelques distractions et passent le plus clair du congrès à excursionner aux environs. Deux ou trois séances plénières dans lesquelles on entend des orateurs de marque, une réception municipale et un banquet de clôture groupent seuls la masse des congressistes. On sait le lapsus d’un brave maire du Nord qui saluant ses hôtes décora une fois leur association du titre « d’association pour l’avancement des toasts », critique involontaire dont ils s’amusèrent fort. Il advient, bien entendu, que des travaux de valeur sont parfois présentés à ces congrès mais on les lit quand ils sont publiés dans les compte-rendus : on ne les écoute point aux séances de commission, d’ordinaire somnolentes et clairsemées. Faute de connaître ces détails car, membre de l’Association, je n’avais pourtant jamais pris part à ses congrès, je m’en allai à Caen avec M. Callot, persuadé qu’une bataille sérieuse devait s’y livrer contre notre œuvre et qu’on y discuterait en détail nos méthodes et nos résultats. Nous tombâmes dans un tout petit cénacle réuni par les soins du Dr  Le Gendre qui se borna à énumérer théoriquement toutes les maladies auxquelles est exposé fatalement un adolescent qui abuse du sport — et à revendiquer pour les médecins le droit de surveiller l’exercice physique, de le réglementer et de le doser. Bourdonnait autour de la commission mon ennemi intime M. Voulquin que je ne connaissais pas mais qui avait pris l’habitude de m’agoniser de sottises dans les petites feuilles de tir et de gymnastique et semblait tout marri que j’en fusse pas ému. Cet excellent homme prétendait que nos sports dits anglais nuisaient aux vrais sports dits nationaux. Il a constaté depuis son erreur et, un beau jour, a bien voulu reconnaitre très loyalement que mon civisme était aussi bon teint que le sien.

Notre réponse fut extrêmement simple : elle tenait tout entière en ces mots : il y a en France aujourd’hui 5 à 6.000 jeunes gens groupés en associations scolaires sportives. Si l’on veut conduire une enquête sérieuse relativement aux résultats de l’exercice physique sur l’organisme de l’adolescent, voilà sur qui la faire porter. Or, pas une de ces associations n’a été de la part du Dr  Le Gendre et de ses confrères l’objet d’une observation quelconque. Ils ne nous apportent que des données théoriques ou des exemples