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ces conditions ne furent arrêtées que vers la fin de 1907. Établies par une commission que présidait Sir Edward Poynter, président de la Royal Academy of Arts, elles constituent du moins un document fort intéressant et que pourront utiliser les organisateurs de l’olympiade suivante. Le Comité International donnera dans l’avenir tous ses soins à la diffusion des principes qui ont été affirmés par la Conférence de 1906 et grâce auxquels les Jeux Olympiques modernes pourront atteindre au niveau d’art et de beauté de leurs glorieux devanciers. Il faut espérer d’autre part qu’en différents pays se fonderont des sociétés se proposant, comme le fait en France la Société des Sports Populaires, de répandre dans tous les rangs de la population l’habitude et l’instinct d’un Ruskinianisme sportif, si l’on peut hasarder cette expression.

Mais je ne dois pas oublier que le présent volume s’ouvre par des considérations un peu autres que celles-ci. L’art sportif et même les Jeux Olympiques ne relèvent pas directement de la « pédagogie sportive » et le lecteur se reportant à ce que je lui exposais au début de mon livre est en droit de me demander si mes ambitions ont dévié ou si j’ai déraillé inconsciemment. Je n’aurais nullement à me défendre, en tous cas, d’un changement volontaire d’orientation mais je n’aperçois rien de tel à travers ces vingt-et-une années. Pour tirer de la culture physique tout ce qu’elle peut fournir pédagogiquement, il fallait commencer par l’organiser solidement. Elle l’était en Angleterre ; elle ne l’était pas sur le continent. En plus, les milieux pédagogiques sont très lents à se transformer et des obstacles sociaux vraiment formidables s’opposaient à l’adoption pure et simple des principes fondamentaux sur lesquels repose le collège anglais. Enfin, en ce qui me concerne personnellement, je ne suis arrivé qu’au bout de très longtemps à me représenter la forme exacte et pratique sous laquelle la pédagogie anglaise pourrait utilement prendre racine dans les autres pays. Car il ne saurait être question de recommander l’établissement d’un public school à l’anglaise pour former des petits français ou des petits italiens, voire même des petits allemands. Une telle entreprise ne peut réussir et ceux qui, voulant la tenter en France, m’ont fait l’honneur de me consulter, savent que je les en ai détournés de mon mieux.

La formule qui conviendrait, je crois l’avoir trouvée enfin et je l’ai exposée au Congrès international qui s’est assemblé à Mons il y a quelques années sur l’initiative du roi Léopold II pour étudier