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La fondation et l’action du B. I. P. S.

« Alors, nous nous sommes laissé convaincre. Nous avons tenté l’aventure. Une satisfaction de bon augure a accueilli l’initiative, une satisfaction que je n’attendais ni si générale, ni si complète. La note initiale du Bureau a mérité des suffrages très divers. Quelques-uns d’entre nous et moi-même avons interviewé beaucoup de gens compétents ou censés tels : éducateurs, journalistes, dirigeants sportifs. Ma surprise a été assez grande de les trouver en accord presque complet sur un point essentiel, et leurs opinions peuvent se résumer dans l’argument que voici : aujourd’hui est passé ; on ne peut pas espérer grand’chose de la génération présente ; la réformer dépasse nos moyens (je n’en suis pas si sûr que cela) ; c’est sur demain qu’il faut travailler, sur la génération prochaine qui va entrer à l’école. Le maître de l’heure c’est l’instituteur, c’est le professeur. La cellule de perfectionnement, c’est l’école normale. Que les jeunes maîtres inclinent leur attention vers cette utilisation pédagogique de l’activité sportive. Avant que les petits ne fassent du sport, quand ils n’en sont encore qu’à épeler l’alphabet musculaire — et surtout dès que, plus grands, ils commencent à s’en approcher, il y a place pour un enseignement point didactique mais d’autant plus fécond ; il y a toute une petite philosophie juvénile à introduire qui sera la base de la grande philosophie virile de plus tard — on ne triche pas ; tout succès obtenu dans les jeux par une entorse à la vérité ne compte pas ; c’est comme si on voulait se nourrir en absorbant du poison. Ce qui est fâcheux, ce n’est pas d’échouer mais de ne pas essayer. Quand le camarade réussit mieux, et parfois aidé par une chance qu’on n’a pas en soi, il est compréhensible qu’on en ressente du dépit, mais ce dépit-là, cela ne se montre pas, cela se refoule, — Il faut endurer les écorchures physiques et morales sans s’en plaindre et surtout sans s’en vanter. Le bluff est inutile en sport parce que les résultats sportifs s’inscrivent en chiffres ou en faits ; ils ne permettent de mentir ni aux autres ni à soi-même. — L’entraînement vient à bout sinon de tout, du moins de beaucoup. L’entraînement, c’est une résolution quotidienne, une grimpée pas à pas, coupée d’arrêts et de reculs, mais appuyée sur une canne solide qu’on appelle la volonté. »

« Cet évangile, notre B. I. P. S. a pour tâche de le répandre, mais il semble que d’autres besognes lui soient également dévolues. Depuis le Congrès de Bruxelles de 1905, dont le programme a été replacé récemment sous les yeux de nos collègues, il leur a paru que bien des problèmes figuraient dans ce programme qui n’avaient pas été en ce temps-là suffisamment ap-