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préciés et en tous cas demeuraient non élucidés, problèmes qu’il y aurait grand avantage à étudier de nouveau et d’une façon plus serrée avec l’aide des expériences accumulées depuis 25 ans. J’en veux citer quelques-uns. Dans l’État de New-York, à la fin du xixe siècle, on appliquait déjà à la réfection morale des hôtes du vaste pénitencier d’Elmira les exercices sportifs ; des résultats remarquables s’accusaient. J’ai eu la curiosité dernièrement de m’enquérir de ce qu’étaient devenues ces méthodes inconnues du vieux-monde. Bien loin, là-bas, de les avoir abandonnées, on leur a donné un considérable développement. Et dans le gros volume qui m’a été envoyé relatant la marche des choses au pénitencier durant l’année écoulée, le sport tient une place énorme, une place inouïe. Ce qui se passe à Elmira se passe ailleurs également. Il serait utile et intéressant de grouper des informations et d’étudier de quelle façon opère le sport dans de pareils milieux. Nous nous en doutons bien un peu. Nous savons qu’il réintroduit dans l’être fautif ou dégénéré une sorte de fierté humaine qui ne va pas sans une tendance au culte de l’honneur : des nuances, des nuances subtiles, fugitives, qu’il faut saisir et fixer. Mais encore cela vaut la peine de défricher ce champ psychologique susceptible de devenir très fertile. »

« La fierté ne va non plus sans confiance : et c’est là ce dont a le plus aisément raison le mal moderne (moderne surtout par sa grande diffusion présente) qu’on nomme la neurasthénie. Qu’il soit possible d’appliquer à pas mal de neurasthéniques des remèdes sportifs, c’est ce qu’avançait la Revue Olympique dans son numéro de février 1912. Aujourd’hui plus d’un spécialiste distingué se trouve prêt à y consentir. On peut toujours y penser, en parler, en attendant d’agir. Enfin, la mitoyenneté du sport et du service militaire n’est pas fixée ou du moins l’est mal. Il y a eu sur ce point des actions et des réactions constantes. Les grands chefs pas plus que les officiers de rang inférieur en contact direct avec la troupe n’ont pu se mettre d’accord quant aux limites à fixer aux précisions à prendre. Dirai-je enfin — malgré qu’il soit peu tentant de s’aventurer dans ce guêpier — que les fameuses querelles sur l’amateurisme ne sont pas sans revêtir partout un côté, un aspect psychologique subtil et complexe qui les place dans le secteur d’observations d’une institution comme le B. I. P. S. »

« Vous le voyez, Messieurs, ce B. I. P. S. n’est pas embarassé de se tailler du travail. Voilà même ce qui, personnellement, m’effraie. Il en aura trop. Et qui va conduire tout cela ? Je ne suis plus qu’un vieux général d’état-major retraité dont la bonne volonté se dépensera volontiers en sympathies attentives et en conseils désintéressés. Mais tout de même, il faut autre chose. Et les correspondants que plusieurs gouvernements ont déjà désignés pour participer de loin à nos travaux — ce qui est un honneur et un incitant à la fois — réclameront davantage.