Page:Coubertin L utilisation pedagogique de l activite sportive 1928.djvu/6

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été en Angleterre les vaillants propagateurs. Ils savaient bien que si le thème latin orne l’esprit (préoccupation qui nous devient trop étrangère) ce sont le sport, ses contacts rudes, ses alternatives, ses chances qui préparent (pardon ! qui peuvent préparer) le corps et le caractère aux batailles de la vie. Ils sentaient que là se trouvent combinés ces deux éléments dont la fraternelle union assure seule la paix des sociétés à savoir l’entr’aide et la concurrence, que là tendent à se réaliser en vue de la réussite, ces mélanges de confiance et de méfiance, d’audace et de prudence, d’élan et de retenue qui sont comme les assises du bel équilibre humain. »

« Cette compréhension sportive de l’éducateur, il faut, Messieurs, la restaurer dans les lieux où elle exista, la créer dans ceux où elle n’a pas encore été ; enfin, il faut aussi, pour cela, vouloir hardiment les réformes connexes, indispensables, je veux dire : l’autonomie des sports scolaires et même universitaires, leur séparation d’avec les fédérations actuelles (dont l’organisation du reste est précaire et destinée à disparaître, je le crois, devant la montée du corporatisme) — l’interdiction à tout collégien de prendre part à un concours public à entrées payantes et à tout étudiant de participer à un tel concours sans l’autorisation de l’université — la suppression de ces perpétuelles allées et venues pour cause de championnats et de sous-championnats qui troublent les études, entraînent à de coûteuses dépenses et constituent du reste la pire manière de voir du pays, créant beaucoup plus de préjugés que ces « voyages à œillères » n’en dissipent. Aussi il faut, à mon avis, que dans tout collège existe une association sportive scolaire cultivant non pas un ou deux, mais autant que possible tous les sports (et vous savez que les sports gymniques sont à mon avis au premier rang) que l’émulation soit entretenue dans ces associations par des rencontres interscolaires simplement régionales, de collège à collège — que l’association soit régie par les élèves sous le contrôle des maîtres et la présidence du chef de l’établissement — qu’un petit journal sportif sans réclames et rédigé en partie par les élèves eux-mêmes les tienne au courant des choses qu’ils ont intérêt à connaître sans oublier le rappel des événements mondiaux et des principaux faits de l’évolution contemporaine. »