Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/137

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demandée. Interrogé par Philippe sur la valeur de Jonvelle, Damville ne manqua point de seconder les dires du solliciteur, qui, pour mieux tromper le duc, évita soigneusement devant lui toute relation de connaissance avec l’envoyé. Enfin le prince céda aux prières de la duchesse et il investit son favori du fief tant désiré, pour le récompenser de ses grands, continuels, bons et agréables services. La donation, datée de l’abbaye de Maiziéres (18 juin 1378), comprenait en détail la ville et son château, la chatellenie et toute son autorité de justice haute, basse et moyenne, tous les revenus et tous les droits directs et utiles de la seigneurie, noblesse, fiefs et arrière-fiefs, prés, terres, maisons, bois, grueries, étangs, rivières, moulins, garennes, patronages, abonnements, tailles, corvées main morte, cens et usages. Le duc ordonne à tous les sujets et vassaux d’obéir à leur nouveau maître et de lui prêter hommage, ainsi qu’à ses héritiers, comme ils faisaient envers le souverain lui-même, les délivrant de ce devoir à l’avenir. L’acte fut soumis à la ratification du roi, de la comtesse Marguerite et de Louis de Mâle, son fils. Le consentement de la vieille princesse fut donné deux fois (1379 et 1381). En 1389, une nouvelle charte, confirmative de la première, fut encore octroyée au donataire, par le duc et la duchesse[1], tant il avait de peine à s’établir solidement dans un domaine escamoté à son maître, qui l’avait lui-même volé.

En effet, l’abandon d’une aussi riche baronnie ne causa pas une médiocre surprise en Comté ; et l’étonnement public

  1. Archiv. de la Côte-d’or, B, 1061, cote 85. D.Plancher, III, 53 et suiv., et aux preuves, XL1X.