Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/160

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maître abandonné. Mais un prompt retour au devoir lui avait rendu toutes les faveurs et toute l’estime du prince, qui le fit même entrer dans sa famille, en lui donnant Marie, sa fille naturelle, en mariage[1]. Quant aux transfuges la Trémouille, leur défection était consommée pour toujours ; mais Jean retenait son fief de Jonvelle[2]. Au reste, le duc de Bourgogne, satisfait pour le moment d’avoir écarté la domination française de cette seigneurie, attendit patiemment la mort du détenteur ; et quand elle fut arrivée, il s’autorisa de ce qu’il ne laissait pas d’enfants et de ce que sa veuve était entrée dans un cloître, pour faire revenir au domaine la terre de Jonvelle par voie de confiscation. Elle fut donnée à la duchesse Isabelle de Portugal, à titre de réméré, pour vingt mille écus d’or[3], et fit partie de son douaire[4]. Jacqueline de Lisle-Bouchard, veuve de Georges de la Trémouille, essaya bien de la revendiquer, au nom de ses enfants, héritiers de leur oncle Jean. Mais on était assez fondé pour repousser les prétentions de cette femme, non moins odieuse à la maison de Bourgogne par le nom de son précédent mari que par la félonie du dernier ; car elle avait été femme de Pierre de Giac, fils de la traîtresse

  1. Essai sur l’histoire de Franche-Comté, II, 431, 454.
  2. En 1448, il donne en cette qualité le dénombrement de ses terres de Corre, Blondefontaine, etc. A Blondefontaine, il a sept ou huit hommes. La ville de Corre doit guet et garde au château de Jonvelle. (Chambre des comptes, cote G, 287.)
  3. L’écu d’or, du poids de 71 au marc ou demi-livre, valait 27 sous de ce temps-là, ou 12 francs 67 centimes d’aujourd’hui.
  4. Une enquête de 1510, mentionnée plus loin (pages 158 et 159), constate que la terre de Jonvelle fut donnée par Philippe le Bon, avec d’autres fiefs du Comté, tels que Chaussin, etc., à Mme Isabeau de Portugal, sa compaigne, pour ses espingles.