Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/174

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ne saurait défendre, le demandent en vain à la sainteté des églises : rien n’est respecté ; celle de Clairefontaine est inondée du sang des femmes, des enfants et des vieillards qui s’y étaient réfugiés. Les religieux avaient échappé au massacre en se réfugiant au château d’Amance[1].

Le prince d’Orange s’était retiré chargé de butin. Mais après lui, voici venir un homme encore plus altéré de vengeance : c’était Georges de la Trémouille-Craon, neveu du dernier sire de Jonvelle, destiné par le sort à porter lui-même ce titre quinze ans plus tard, en attendant brutalement résolu à se faire le bourreau de la contrée, s’il ne pouvait en devenir le seigneur. Louis II de la Trémouille, son neveu, âgé de quinze ans, faisait alors sous lui ses premières armes, et devait aussi plus tard porter le nom de seigneur de Jonvelle. Georges était gouverneur de Champagne, et Louis XI l’envoyait avec un corps d’armée au secours de René d’Anjou, contre les Bourguignons que leur souverain, occupé dans les environs de Cologne au siège de Nuis, abandonnait à la merci de toutes sortes d’ennemis. Craon marche droit à Jonvelle (3 mai 1475), d’où sortaient à peine les Lorrains. Quelle résistance pouvaient offrir les places de cette frontière, sans autre garnison que leurs citoyens et quelques retrahants ? La terreur ouvre leurs portes, ou bien le canon a bientôt troué leurs faibles murailles. Le sort de Jonvelle devient celui de tout le voisinage. L’ennemi prend Jussey, Gevigney, Richecourt, Lambrey, Bougey, Conflans, Amance, Buffignécourt,

  1. Mémoire sur Clairefontaine, p. 212.