Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/181

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perfide, il lance tout à coup son digne suppôt, le farouche d’Amboise, que soutient un corps de six mille Suisses mercenaires. La ville de Dole, surprise par la trahison la plus infâme, est ruinée presque de fond en comble. Pendant que Salins, Poligny, Arbois, Auxonne et Gray subissent le même sort, Bertrand de Livron, seigneur de Bourbonne, un des lieutenants du sire de Chaumont, entre à Vesoul, la torche, le glaive et la sape dans les mains. Jeanne d’Oiselay, malgré son héroïsme, ne peut défendre son manoir aérien. Luxeuil, Faucogney, Rougemont, Noroy-l’Archevêque, Jonvelle, enfin toutes les places du bailliage d’Amont, sont pareillement saccagées, incendiées et démolies. Le sang le plus illustre coule de toutes parts. D’Amboise avait ordre d’épouvanter les villes et les nobles demeurés fidèles aux archiducs, par la destruction des unes et le supplice des autres. Le vainqueur n’épargna que Besançon (1479-1480)[1]. Maximilien avait laissé consommer ainsi la ruine et la conquête de son Comté, sans le secourir : la guerre finit faute de défenseurs, et Louis XI prit le titre de comte de Bourgogne. Charles d’Amboise étant mort, il lui donna pour successeur Jean de Baudricourt, qui administra les deux Bourgognes avec autant de sagesse que de douceur (1480-1483). Il avait disgracié à tout jamais le lâche Craon, qui ne put même obtenir le fief de Jonvelle, objet de ses convoitises ; cette terre fut donnée à son neveu, Louis II de la Trémouille, vicomte de Thouars et prince de Talmont, surnommé le

  1. Dunod, Nobiliaire, p. 403 ; D. Grappin, Guerres du seizième siècle, p. 13 ; Histoire de Gray, pages 111 et 112.