Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/219

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tout récemment il avait porté ses courses en Lorraine ; provocation fatale, dont l’ennemi fut heureux de profiter pour tomber sur le Comté, et d’abord sur Jonvelle. Tremblecourt et d’Aussonville s’ébranlent à la fois, en plein hiver (24 janvier 1595) ; ils paraissent le même jour aux portes de cette ville, du côté de Châtillon, avec dix mille hommes, infanterie et cavalerie, et la somment de se rendre. Le commandant de Villers fut assez lâche et assez traître pour obéir à cette première injonction, sans avoir entendu ni tiré un seul coup d’arquebuse, et pour subir une honteuse capitulation, qui devait livrer l’entrée du pays, épouvanter les autres villes, et coûter aux bourgeois de Jonvelle une rançon de quatre mille écus. Du moins, c’est à cet officier que le baron de Renaix, sur les plaintes de Villeneuve, reproche toute la honte de cette reddition précipitée[1]. Quant au gouverneur de la place, dont la bonne garde et la vaillance étaient tant vantées par son bon oncle, trois mois auparavant, vit-il dans cette circonstance ses ordres méconnus, ou bien l’humanité lui fit-elle un devoir de céder à la force et de ne pas exposer la ville et les citoyens aux horreurs inévitables d’un assaut ? On peut supposer l’un et l’autre. Quoi qu’il en soit, Antonio fit d’abord assez bonne contenance dans le château, défendu du côté de la ville par la double fortification de ses murailles et de la Saône, Mais Tremblecourt force le pont, pénètre dans le faubourg Sainte-Croix, qui est livré aux flammes, porte ses batteries au midi et les pointe contre les antiques et épais remparts de la forteresse. Le douzième coup

  1. Mémoires de Champagney, VI, 1.