Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/234

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plus grand ennemi de la province, par son administration déplorable, par ses concussions scandaleuses et ses intelligences avec les Français. Qu’on juge de l’état des choses et des esprits par les doléances du sieur de Champagney, qui pourtant semblent trop amères et trop passionnées pour ne pas être suspectes de quelque exagération. Selon lui le capitaine Antonio, depuis sa sortie de Jonvelle, s’était comporté dans le bailliage d’Amont avec les mêmes excès que les Routiers, les Écorcheurs et les Tard-Venus d’autrefois. Amance, Faverney, Flagy, Noroy-l’Archevèque, les environs de Luxeuil, avaient subi ses rançonnements et les ravages de ses soldats[1], sous prétexte que la province ne le payait pas. Et pourtant il était bien venu auprès du gouverneur[2]. Du reste, les compagnies de Vergy, qui formaient les garnisons de Jonvelle et de Jussey[3]’ ne se comportaient pas mieux que les étrangers ; et le comte, loin de punir ou de réprimer ces violences, passait pour en tirer son profit. Il y joignait ses dilapidations personnelles, par exemple en se faisant donner par le trésor des sommes énormes pour monter des recrues qu’il ne levait pas. Il s’était fait payer

  1. Tellement que Champagney ne put aller aux bains de Luxeuil. (Ibid., V, 254. Lettre à du Faing, 16 décembre 1596. Voir aussi lettre à l’amiral d’Aragon, texte espagnol, 20 janvier 1596.)
  2. « Le conte de Champlite n’a cessé d’yvrongner avec le capitaine Antonio, et Dieu veuille qu’ils ne s’entendent avec les François, par le moyen du prieur de Champaigne, commandeur de la Romagne, que fust encore l’autre jour avec luy à Autrey, à faire grande chère. » (Ibid., 30 avril 1596, lettre à du Faing.)
  3. Jusqu’à l’été (1596), le château de Jussey avait été confié au sieur de Guyonvelle. Le comte de Champlitte l’en fit sortir par les ordres de l’archiduc, et Guyonvelle se retira au château de Vaivre, près de Vesoul, qu’il avait acheté, et dans lequel il fit transporter son mobilier de Beaujeu. (Mémoires de Champagney, V, 272 lettre à du Faing, 21 décembre 1596.)