Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/274

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et de la cour ; car voilà cinq lettres que je leur ai adressées, sans recevoir un mot de response. Je m’estois approché jusqu’icy pour avoir plus tôt de leurs nouvelles ; mais comme j’ai recogneu que ceste frontière s’alarmoit davantage par mon esloignement, bien que ma présence lui soit de bien peu de relief, je coucherai ce soir à Purgerot, et demain je retourne à Jussey, d’où je pousserai peut-estre jusques à Jonvelle. Puisque l’on ne me donne pas les moyens de me pouvoir opposer aux moindres courses de l’ennemi, je passeray sur toutes considérations : je suis résolu de me perdre avec mes deux compagnies, plustôt que d’abandonner la contrée dont la garde ma esté confiée. La perte de ma personne sera peu de chose ; mais quelle perte malheureuse et déshonorante que celle de deux étendards du roy, que l’on va laisser tomber aux mains des François ou des Suédois, sans me donner les moyens de les défendre. Je ne veux plus rien représenter ni demander, et pour agir je n’écouterai plus que les conseils de l’honneur[1]. »

En effet, de Mandre rentra les jours suivants à Jonvelle, où lui furent envoyés dix mille francs pour les frais de sa remonte, pour les rations de ses gens et pour ses propres gages. On lui annonçait aussi la prochaine arrivée de la compagnie de Gonsans, alors à Vesoul ; ordre lui était donné d’envoyer une escorte à sa rencontre (20 mai)[2]. Mais bientôt Jonvelle vit partir toutes ses troupes de secours, infanterie et cavalerie ; car le véritable orage grondait sur un autre point de l’horizon. En

  1. Corr. du parlem., B, 784.
  2. Aux Preuves, diverses lettres de la cour du 16 au 20 mai.