Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/301

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la Saône par la rive droite et se rapprochent du Bassigny pour reconnaître l’armée française. Mercy[1] arrive à Jussey, dont la population était diminuée d’un quart depuis le mois de septembre. Tandis que ses bagages filaient à Cendrecourt pour s’y abriter derrière la Saône, et qu’il dormait en sécurité dans ses logements de la ville, soudain, le dimanche 16 novembre dès le matin, Tourbadel, général-major de Weymar, fond sur Jussey, avec un gros de cavalerie. Les Lorrains, les Allemands et les Croates, sont taillés en pièces avant d’avoir pu se reconnaître ni tirer un seul coup de mousquet. Ils prennent la fuite, laissant à l’ennemi trois cents chevaux et deux cents prisonniers, dont trois capitaines et un lieutenant. Pendant la lutte, et même avant l’arrivée des impériaux, les habitants avaient fui de toutes parts, les uns dans les bois, les autres au delà de la Saône, à Cendrecourt et à Montureux. Il en était resté à peine deux cents, qui se retirèrent au couvent des Capucins[2], comme dans un asile sacré, avec plusieurs habitants de Cemboing, de Saint-Marcel et de Cendrecourt. Mais ils y sont bientôt investis. Pour sauver l’honneur des femmes et des filles, la liberté de tous et la ville d’un incendie général, il fallut composer pour une rançon de 14,300 francs, dont trente pistoles pour l’officier négociateur de la capitulation. En attendant le paiement, qui devait s’effectuer dans la semaine, quatre notables bourgeois furent emmenés en otage[3].

  1. Mercy devint plus tard feld-général et perdit contre le maréchal de Turenne la fameuse bataille de Nordlingen, où il périt (3 août 1645).
  2. Construit en 1622 sur les ruines du vieux château.
  3. Aux Preuves, Il septembre, Enquête sur les désastre de Jussey.