Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/307

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de celui qui l’avait si affreusement ravagé pendant six semaines, et dont les troupes, après son départ, le ravagèrent de nouveau pendant cinq ans. Dans leur juste effroi, les habitants de ce pays ajoutaient aux litanies des Saints cette naïve supplication : « A Galà et à Forcâ libera nos, Domine : de Gallass et de Forcatz, délivrez-nous, Seigneur[1]. » Et pourtant les échecs désastreux de Gallass et la ruine de sa belle armée comme de sa gloire militaire, lui valurent un peu de commisération : au siècle dernier, on disait encore en Bourgogne et en Comté : « Malheureux comme Gallass[2]. »

Les débris des deux armées qui ne devaient pas rester chez nous, déjà licenciés en partie, furent acheminés sur l’Alsace, et quelques-uns sur Héricourt, dont le siège fut tenté vers la fin de janvier, mais sans résultat. Pendant qu’ils s’éloignaient, les commissaires répartiteurs achevèrent leurs opérations. Le contingent convenu comprenait douze régiments du roi, dont quatre de cavalerie, et sept régiments de l’empereur, dont trois de cavalerie ; en tout quatre à cinq mille soldats effectifs, avec un nombre triple de femmes et de valets. Les gouverneurs avaient entendu que les villes et les châteaux de l’intérieur seraient confiés aux garnisons nationales, et que les étrangers seraient placés sur les frontières. Il fallut de longs débats pour faire accepter cet arrangement par les officiers allemands ; car, sentant leur faiblesse, ils redoutaient de voir leurs quartiers à chaque instant surpris

  1. M Bonvalet, Notice sur Coiffy, p. 10. Le nom de Gallass est resté à une foule de lieux dits dans nos contrées, et celui de Forcatz comme synonyme d’intraitable et de brigand.
  2. Béguillet, 11, 241.