Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/318

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attaque et une résistance des plus opiniâtres ; car l’ennemi poursuivait là une vengeance royale d’autant plus acharnée, que la rancune était plus vieille. Antoine le Joyant, qui occupait ce petit castel, était un gentilhomme du Maine, autrefois ardent ligueur et capitaine d’une compagnie d’infanterie dans l’armée des princes. Réfugié en Franche-Comté vers 1590, après les journées d’Arques et d’Ivry, il avait obstinément refusé de se rallier à Henri IV, malgré les efforts de son compatriote, Martin Ourceau, sieur de la Roche d’Orthon, que le roi avait envoyé du Mans dans notre province pour lui ramener les gentilshommes récalcitrants. Non moins insensible aux sommations de la force armée, ce noble vieillard périt à la défense de son château, avec la plupart des siens ; il n’échappa guère de sa famille qu’un de ses petits-fils, qui se retira au village désert de Bougey[1].

Pendant ces opérations, le corps des Suédois, marchant droit en avant, tentait le passage de la Saône (22 juin). Le duc de Lorraine était accouru à la rencontre du flot envahisseur, et il avait posté sur la rivière, de Rupt à Seveux, le gros de sa cavalerie, sous les ordres de Mercy, son sergent de bataille. Ce corps de défense, chargé de barrer le passage de la rivière, était composé d’Allemands, de Lorrains et de Comtois ; et parmi ceux-ci figurait le baron de Chauvirey, gouverneur de Jonvelle, à la tête de son régiment. Forbuer, lieutenant de Weymar, n’ayant pu forcer le gué de Savoyeux, que les dragons de Mercy défendirent avec succès pendant deux heures,

  1. Voyez la notice sur la famille le Joyant.