Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/321

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pendant cinq ans, aux courses dévastatrices des garnisons de notre frontière. Comtois, Lorrains, Cravates[1], tantôt en partis isolés, tantôt en bandes réunies, s’élançaient à chaque instant de Jonvelle, de Richecourt, de Demangevelle, de Conflans, de Bougey, de Chauvirey, de Suaucourt, d’Artaufontaine, de Raucourt, de Gray, de Vesoul même et de Dole, pillaient et incendiaient les villages, tuaient les paysans ou les ramenaient prisonniers, avec leur bétail et leurs menus troupeaux. Les plus acharnés aux expéditions de ce genre étaient le jeune Gaucher du Magny, le baron de Chauvirey et le colonel Bornival, commandant les garnisons étrangères de Jonvelle et des châteaux d’alentour. On avait réparé les fortifications de Jonvelle, et Bornival se vantait d’être prêt à bien recevoir Turenne[2]. C’est là qu’ils abritaient la plupart de leurs prisonniers, jusqu’à réception de bonnes rançons. Déjà précédemment ils étaient tombés sur le village d’Hortes (22 février), à la barbe des Suédois, et ils y avaient brûlé ce que les Espagnols en avaient laissé. Le curé, Nicolas Jolyot, demeura deux jours caché sous la voûte d’un ruisseau et mourut peu après, de ce séjour empesté. Le 26 juin, pendant que les armées du Bassigny manœuvraient sur la Saône, cinquante Croates de Jonvelle retournèrent faire le dégât dans le même village et dans les environs. Le 9

  1. Croates. Les populations confondaient sous le nom de Cravata tous les soldats, étrangers d’outre-Rhin venus au secours de la Comté.
  2. « Je suis bien marry que le temps ne nous est pas plus favorable pour achever nos ouvrages et recevoir le vicomte de Tureine, s’il y vient, ce que je ne puis croyre. » (B, 794 Jonvelle, 23 janvier, Bornival à Furnimont.) Il lui demande des munitions de guerre surtout des grenades, pour la place et pour les châteaux voisins.