Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/327

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de manière à former un corps de soixante chevaux et de cent quarante fantassins. Ils s’embusquent dans d’épaisses broussailles, sur la route de Luxeuil, et ils attendent. À Vellefaux, le convoi reçut avis du péril qui le menaçait : « Tant mieux, répondit Gonsans ! Ils sont morts s’ils osent nous attaquer. » Dédaignant de prendre du renfort et d’éclairer sa marche, le présomptueux officier paya cher sa bravade : il mordit la poussière avec quatre-vingt-dix des siens. Il n’échappa au massacre que Callot et Pierrey, de Luxeuil, avec le fils aîné du baron de Melisey-Grammont et le docteur Thiadot, que son jeune âge fit épargner, pour être emmené prisonnier. Les Français le firent monter sur la charrette qui portait leurs morts, au nombre d’une dizaine, et ils se retirèrent avec le butin, estimé 25,000 écus (25 juillet 1641)[1]. Cependant, malgré cet incident malheureux, on peut dire, avec Girardot de Beauchemin[2], que tout le bailliage d’Amont jouissait d’un repos relatif, sous le couvert de Jonvelle et grâce à la réputation de ses capitaines.

Le curé d’Hortes, à qui nous devons en grande partie les détails qui précèdent, raconte des choses inouïes sur les barbares traitements que les soldats de Jonvelle faisaient subir à leurs prisonniers, du nombre desquels furent ses paroissiens, ses confrères et son neveu. On les entassait pêle-mêle dans des cachots sans air ni lumière, où ils n’avaient souvent à manger que de l’herbe crue ; on leur bandait la tête avec effort ; on leur donnait l’estrapade, punition

  1. Corr. du parlem., B. 853 ; Vesoul, 26 juillet 1641. les officiers du roi. Chancel-Flavigny et de Mongenet, à la cour ; Girardot,
  2. P. 266.