Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/364

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bientôt mis sur pied un corps assez respectable de 2,960 hommes. Cette bonne contenance imposa suffisamment à la Fauche, qui descendit la Marne, en ravageant le pays, jusqu’à Saint-Dizier[1].

L’année suivante amena de nouvelles terreurs sur la même contrée. Le comte d’Harcourt, devenu à son tour complice des Frondeurs, comme le prince de Condé, tenait sous sa main Philisbourg, Brisach, Belfort et quinze autres places intermédiaires, qu’il projetait de livrer à l’empereur, dans l’espoir de se faire en Allemagne une principauté indépendante. Excitée par le duc de Lorraine, la garnison de Belfort traversa la Comté et porta ses courses jusqu’au Bassigny. Tous les villages de sa frontière furent impitoyablement rançonnés, par des traités, sans en excepter l’hôpital de Grossesaules, qui subit des violences inouïes (24 septembre 1653) [2].

Mais en même temps un autre ennemi, plus féroce même que la guerre, désolait nos contrées. Les années 1649 et 1650 avaient peu donné ; ensuite les pluies incessantes de 1654 avaient perdu toutes les récoltes, tellement que l’année suivante vit se renouveler toutes les horreurs de 1638. Le prix ordinaire des vivres ayant plus que décuplé, les pauvres étaient réduits à manger l’herbe des prés, comme les bêtes[3]. La comète qui se montra tout à coup le 17 décembre ajouta l’épouvante à la misère ; les peuples avaient encore tous les préjugés

  1. Macheret, fol. 441, verso, et 142.
  2. Ibid., 153.
  3. " Une pauvre femme portant et allaictant son petit enfant a esté trouvée morte en une prairie, ayant encor la bouche pleine d’herbe et en mangeant comme une beste, et son enfant encore vivant entre ses bras ".(Macheret, fol. 142, verso.)