Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/375

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puisqu’on déniait à Jonvelle tout souvenir de son ancien état de ville de guerre : ils perdirent encore ce procès, et l’emplacement de ce château, ainsi que les murs et les fossés de la place, au midi, furent définitivement adjugés au fermier du domaine, le sieur Bigot, receveur du grenier à sel (1779)[1]. Cette propriété a passé par héritage à la famille Degenne, qui l’a fouillée presque tout entière pour la cultiver. Partout la pioche a mis au jour les ferrements des édifices, mêlés aux débris de l’incendie, et les tuileaux romains enfouis dans les fondations. On a aussi découvert deux cent cinquante balles de plomb, avec leurs moules, une grande quantité de boulets en fonte et en zinc, et trente hectolitres environ de blé noirci et brûlé. Il reste du château une colonne monolithe, deux chapiteaux ioniens, deux caves et un angle du premier mur d’enceinte, de sept mètres environ au-dessus du sol actuel, sur trois mètres d’épaisseur. L’œil suit encore partout le tracé des murs et des fossés qui enveloppaient Jonvelle. Au midi, on voit une porte ; au nord, dans les champs, sont les lieux dits la Citadelle et le Carlinfort, ou fort Carlin. Ces souvenirs, ces ruines, un simple village de sept cents âmes, une église assez intéressante pour l’art, quelques maisons gothiques, voilà tout ce qui reste d’une cité qui fut l’opulent chef-lieu d’une vaste châtellenie ; voilà tout ce qui reste d’une ville de guerre qui fut, pendant quatre ou cinq siècles, un des boulevards de notre province.

  1. Voir aux Preuves