Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/39

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que l’on met chaque jour à découvert, appartiennent, pour la plupart, à la première période de l’empire romain. La ruine de cette ville remonte à la fin du troisième siècle, époque des premières invasions germaniques. En effet, l’absence totale de symboles chrétiens, même sur les tombeaux, fait assez connaître que le flambeau de l’Évangile n’avait pas encore éclairé les habitants de Corre à l’arrivée des barbares. Si la foi chrétienne avait déjà été prêchée en Séquanie par nos saints Ferréol et Ferjeux, ses progrès ne s’étaient pas étendus bien loin au delà de Besançon, et le paganisme demeura la religion officielle jusqu’à la conversion de Constantin.

En second lieu, les médailles les plus nombreuses ne dépassent guère l’année 275. Il en est de même d’un groupe de 400 petits bronzes découverts à Melincourt il y a quelques années, et qui appartiennent au règne de Gallien (260). Les monnaies trouvées dans les environs de Corre, et surtout à Biémont, bourgade ruinée, près de Vitrey, s’arrêtent généralement à la même époque.

Ajoutons enfin que la position géographique de Corre destinait cette ville à périr des premières. Placée au centre des routes qui convergeaient des bords du Rhin et de la Moselle vers la cité des Lingons, par Mandeure, Luxeuil et Port-Abucin, elle fut nécessairement ensevelie sous le flot de la première invasion que la vengeance divine déchaîna sur les frontières occidentales de l’empire. Ainsi finit Colra : sa gloire et son opulence, ses temples et ses dieux, ses citoyens et ses palais, ses bains, ses aqueducs et même ses tombeaux, tout fut la proie des farouches dévastateurs.