Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/620

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demeure ferme en sa première résolution et demande, les congédiants pour en venir faire rapport.

Cela faict, le Père Chrisostome, retourné à Rupt, déclairat aux députés qu’il a passé plus avant qu’il ne croyoit, mais qu’il avoit si bien entablé l’affaire qu’ils en recepvroient du contentement, attendu la parolle donnée par le conte de Grandcey qu’il ne permettroit point de garnison dans Vesoul et lieux comprins dans sa saulvegarde, qu’ils seroient exempts de courses et actes d’hostillités, et procureroit une ratifiication effectuée par le roy son maistre. Et les laissant sur ce frais, les quitte et retourne en son couvent.

Eux au contraire, sortant de Rupt avec un trompette que ledict Père leur avoit amené pour les escorter, et prenant leur chemin devers Rey, rencontrent l’armée qui en sortait pour le mesme soir gaigner le bourg de Scey-sur-Saône, esloigné de nous de deux heures du chemin, où le conte les amena avec soy. Et après avoir quelque temps discourut du subject de leur voyage, il couppa tout cour qu’il vouloit avoir les dix mille escus, mettre garnison et se tenir à ce qu’il avoit déterminé au Père, sans en rien rabattre. Ils deffendent et prient au mieux qu’ils peuvent, protestent qu’il leur est impossible de sçatisfaire, et qu’ils n’ont point de commission d’accorder si grande somme, et qu’absolument nous périrons plus tost que de recepvoir garnison ou prèster serment, et aultres semblables remonstrances. Sur lesquelles il conclut enfin qu’il dispenceroit encor ses deux derniers articles, mais que pour le surplus s’estoit à eux de l’accepter ou reffuser, et que, si au lendemain, partout le jour, il n’avoit nouvelle de nostre volonté et douze ostage pour garands, l’armée seroit lundy matin à l’entour de la ville, où ils entreroient par bresches en moins d’une heure.

Ils rapportent cest arrest sambedy à dix heures du soir et le font savoir au peuple le matin suyvant. Lequel assemblé comme devant bourcille tout ce qu’il peut, et ayant amassé quelque trois cent pistoles, en diverses espèces, les faict présenter à l’ennemy, soubz espoir que ce peu de contant opéreroit quelque diminution d’une somme si excessive, qu’il ne voulut diviser ni retrancher, résolut de l’avoir entière ou lesdicts ostages au lendemain, à peine de tout rompre. De manière que le peuple se voyant si estroitement pressé nomma douze des principaux habitants qui passarent franchement à l’ennemy, lequel les envoya au bourg