Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/72

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d’un beau trait de la religion antique, dont le côté philosophique est mis en relief d’une manière bien sentie.

Urnes funéraires. Urne, du latin urere, brûler, signifie récipient d’un corps réduit en cendres, et partant d’une dépouille mortelle. On en faisait en métal, en verre et en terre, de couleurs variées. Les urnes vulgaires étaient plus grandes, parce qu’on prenait moins de soins de la crémation pour les pauvres que pour les riches ; souvent on y mêlait les cendres de plusieurs personnes. Quelques-unes portaient les sigles D. M. et une inscription ; d’autres renfermaient des médailles, des ossements d’animaux, des défenses de sanglier, des bois de cerf et autres objets de prédilection du défunt.

Les urnes exhumées des sépultures de Corre et déposées au musée de Besançon, attestent l’antiquité de cette ville et l’usage de renfermer des vases cinéraires dans les tombeaux. Cette coutume, connue même des Gaulois, existait encore sous le Bas-Empire. Elle se conserva chez les païens et même chez les chrétiens, qui, malgré les lumières de la foi nouvelle, faisaient ce qu’ils avaient vu pratiquer par leurs pères. Il a fallu toute l’autorité des conciles pour combattre et détruire cet usage idolâtrique.

On voit qu’à cette époque, dans la vie publique comme dans la vie privée, les habitants de Corre sont tous romains. La langue latine est celle des inscriptions et de la haute société ; sur les tombeaux on reconnaît la religion, la coutume, la toge et jusqu’à la barbe des Romains. Les urnes et les sarcophages d’une seule pierre, trouvés à Corre et dans le voisinage, rappellent le double usage