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Page:Counson - Malherbe et ses sources, 1904.djvu/132

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in magnis stultitia luenda est aussi bien que fortuna[1] ». Comme il parle à Peiresc, il parlera dans ses vers, mais en français, et avec des rimes au bout des pensées et des récits d’Ovide.

Les Métamorphoses, qui aujourd’hui ennuient les écoliers et occupent les mythographes, ont eu pendant longtemps pour tous les lettrés un intérêt dont il faut citer les témoignages pour en donner une idée. C’était sans doute un des coins où le goût du merveilleux, dissipé par la raison classique, s’était réfugié. « Le premier goust que j’eus aux livres, il me veint du plaisir des fables de la Métamorphose d’Ovide, dit Montaigne : car environ l’aage de sept ou huit ans, je me desrobois de tout autre plaisir pour les lire[2]. » Un demi-siècle plus tard, Henri IV « commanda que l’on réimprimât les Métamorphoses d’Ovide en belles et grandes lettres[3] ». Les poètes ne pouvaient faire moins que les philosophes et les rois, et les Métamorphoses trouveront en eux des imitateurs et des admirateurs ; et si à la fin Benserade s’en est égayé dans ses rondeaux, Virgile n’a-t-il pas été plus mal travesti ? Villon doit déjà à Ovide ce qu’il sait de mythologie[4] : Malherbe lui doit beaucoup aussi. Il se souvient de l’âge d’or des Métamorphoses comme de celui de Virgile : dans le premier, flamina nectaris ibant[5] ; de même

  1. Malh., III, 428. Ov., Tristes, II, 107 : Scilicet in Superis etiam fortuna luenda est.
  2. Essais, I, XXV.
  3. Malh., III, 363. L’auteur inconnu de cette note (qui écrit en 1613) ajoute : « il prévoyoit bien, le bon prince, qu’on les pratiqueroit après sa mort ».
  4. G. Paris, François Villon (Coll. des gr. écr.).
  5. Métam., I, 111.