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Après Jason, son père Éson est l’une des meilleures recrues de Malherbe : Éson rime fort bien à « verte saison », et à « jeune saison », et le Sonnet à Richelieu assure que la France, « cette princesse », confiée au cardinal, va être rajeunie comme Éson[1], et le poète lui-même se souhaiterait « la fortune d’Éson » pour combattre sous Louis XIII[2].

Les héros de la guerre de Troie se ressentent, autant que les Argonautes, d’avoir passé par les vers d’Ovide avant d’apparaître dans ceux de Malherbe. Ici, par exemple, Ménélas est plus d’une fois appelé « le jeune Atride[3] » comme dans les Métamorphoses[4]. Malherbe complète d’ailleurs ingénieusement son histoire, en imaginant ce qui serait arrivé si Louis XIII s’était mêlé de la célèbre guerre. « Si j’avais été là avec mes Francs ! » aurait dit Clovis quand on lui racontait la Passion. De même, si Louis avait été là ! Nul doute

que, si de ses armes
Ilion avait eu l’appui,
Le jeune Atride avecque larmes
Ne s’en fût retourné chez lui[5].

  1. I, 261.
  2. I, 282. Desportes disait, dans sa paraphrase de l’Audivere Lyce :

    Pour revoir la jeune saison.
    Il faudrait les arts de Médée.

    (p. 447.)
  3. Malh., I, 113, v. 154, 217.
  4. Mét., XII, 628 : minor Atrides.
  5. Malh., I, 217.