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vanter un personnage sans évoquer « Mars de la Thrace[1] » ou Hercule, auquel il compare tout le monde, depuis Perrache jusqu’à Jeanne d’Arc[2] ; il ne saurait surtout parler de la mort sans citer les Parques, notamment Atropos, ou l’Érèbe, ou « le nole à Caron[3] ». Léandre, « les Busires », les dieux et les déesses « que nous récite l’histoire des temps passés[4] », le rocher de Sipyle, le Thermodon, Thésée et le labyrinthe, encombrent ses vers, et naturellement ceux-ci sentent trop souvent l’huile. Ils ont encore d’autres défauts : les religieux de Saint-Denis refusèrent un jour de laisser placer dans leur église l’épitaphe que Malherbe avait écrite pour le duc d’Orléans : il y avait encore une fois placé la Parque et le Mars de la Thrace, et les religieux trouvèrent, le sonnet trop payen[5] ! André Chénier, pourtant peu prude, trouvait parfois obscène la mythologie du bonhomme[6]. Ménage lui reprochait, d’un autre côté, des hérésies mythographiques, et lui en voulait d’avoir fait Céphale amoureux de l’Aurore[7]. À cela Malherbe avait bien répondu quand il disait « qu’il n’apprêtait pas les viandes pour les cuisiniers », c’est-à-dire qu’il ne faisait pas ses

  1. I, 89, 189.
  2. I, 205 ; de même I, 21, 24. Le sonnet à Perrache est dans l’édition Jannet.
  3. Notamment en parlant de Geneviève Rouxel, et encore dans la Lettre à La Garde, I, 358.
  4. I, 170.
  5. Malh., I, 189.
  6. O. c., p. 49 (à propos de la strophe 16 de l’Ode sur la bienvenue de Marie de Médicis). Sa mythologie eut toujours mauvaise réputation : c’est déjà Malherbe que Racine invoquait pour excuser une allusion à un mythologique adultère (Racine édition des Grands Écrivains, t. VI, p. 383).
  7. O. c., p. 354.