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Les Roses des jardins ne durent qu’un matin[1].

Qu’est-ce que l’homme, hélas ? Une fleur passagère
Que la chaleur flétrit ou que le vent fait choir,
Une vaine fumée, ou une ombre légère
Que l’on voit au matin, qu’on ne voit plus au soir[2].


C’était donc une mode très répandue, et Desportes l’avait approuvée dans une Complainte :

L’humaine vie à bon droit se compare
Aux vaines fleurs dont le printemps se pare[3]


Lui-même, dans l’Élégie dont Malherbe s’est souvenu, nous allons le voir, en écrivant ses Stances à du Périer, montrait le jeune Damon succombant

Comme un bouton de rose en avril languissant[4],


et il lui faisait dire à ses derniers moments ces mots déjà cités :

la destinée
M’a fait dès mon aurore accomplir ma journée[5].


Enfin l’auteur du Bouquet des fleurs de Sénèque déjà mentionné, avait écrit :

  1. L’Escossoise ou le Désastre, tragédie (1601 à Rouen), acte V. — [J’avais terminé mon article de la Revue d’histoire littéraire de la France, 1903, quand j’ai lu la note de M. Schultz-Gora faisant le même rapprochement entre le passage de Montchrestien et le vers de Malherbe Zeitschrift für französische Sprache und Litteratur, 1903, p. 92-94)].
  2. Ibid., acte II, chœur.
  3. Desportes, p. 488.
  4. Desportes, p. 318.
  5. id., p. 321.