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LIVRE II


FABLE I.

Le Singe et l’Orange


Un singe du Brésil, le favori du maître,
Gourmand comme Pierrot, pillard autant qu’un reître,
Lorgnait des orangers dont les produits vermeils
Sont très appréciés par Messieurs ses pareils.
Mûrie aux bas rameaux l’orange était passable,
À la branche élevée elle était délectable.
Le bras n’atteignant pas les hautes pommes d’or,
L’amateur condescend à ce confiteor :
« Le fruit le plus exquis est celui que je touche,
Surtout, quand le cueillant je le porte à ma bouche
Et le suce à mon gré… » Le singe avait raison,
Il livre le secret de mainte liaison.
Tel galant, amoureux des écus d’Antoinette
Épouse avec plaisir les cinq sous de Jeannette.

Lorsqu’on peut y goûter, passable fruit vaut mieux
Qu’un meilleur qui condamne à le manger des yeux.