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la revue de paris

il s’installe là pour longtemps, puisque la représentation commence vers midi et dure tant qu’il fait jour ; on cause entre amis, on fume, on croque des graines de pastèque et autres friandises, tandis qu’un servant du théâtre passe à travers les rangs et verse libéralement un thé très ordinaire ; les garçons des restaurants voisins viennent servir leurs clients ; la représentation se poursuit au milieu de ce bourdonnement de voix, sans que personne y trouve à redire ; des plaisanteries s’échangent entre la scène et la salle, surtout quand on joue de ces farces qui font les délices du gros public pékinois ; ceux des acteurs qui ne sont pas censés être en scène ne se gênent pas pour rire avec les spectateurs les plus proches et avec l’orchestre.

ii

Les représentations sont données chaque jour en règle générale ; mais, comme on leur attribue un caractère de bon augure, on les suspend chaque fois qu’il se présente une circonstance néfaste, deuil public, anniversaires funéraires de la famille impériale, jeûnes de l’Empereur avant les sacrifices : il en résulte que les théâtres font relâche cinq ou six fois par mois. En pareil cas, les représentations privées sont interdites aussi bien que les autres. Les gens riches, en effet, vont rarement au théâtre, soit qu’ils ne désirent pas se montrer en un lieu que condamnent les moralistes austères, soit afin d’éviter le contact du bas peuple ; mais, chaque année, pour le jour de l’an et pour la huitième lune, ou lorsqu’il se présente quelque fête domestique, anniversaire de naissance du chef de famille, relevailles après la naissance d’un fils, succès à un examen, mariage, on loue une troupe de comédiens qui vient jouer à domicile ; de même, des élèves font jouer la comédie pour la fête de leur maître ; bien plus, coutume étrange et tout opposée aux idées du pays sur le théâtre aussi bien que sur le deuil, il est habituel, dans certains districts, de faire donner quelques jours de représentations à l’occasion d’un enterrement.

Aux représentations privées on invite toute la famille, tous