Page:Courier Longus 1825.djvu/126

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chèvre, nue à nu ; et lors eût Chloé facilement été faite femme, si Daphnis n’eût craint de lui faire sang ; de quoi il avoit si belle peur, qu’appréhendant de n’être pas toujours maître de soi, souvent il empêchoit Chloé de se dépouiller toute nue, tellement qu’elle-même s’en étonnoit ; mais elle avoit honte de lui en demander la cause.

Il y eut durant cet été grande presse et pourchas amoureux autour de Chloé pour l’avoir en mariage, et venoit-on de tous côtés la demander à Dryas. Aucuns lui portoient des présents, et tous lui faisoient de grandes promesses ; tellement que Napé, mue d’avarice, lui conseilloit de la marier, et ne tenir point plus long-temps une fille si grande en sa maison ; que si on ne se hâtoit de lui donner mari, elle pourroit à l’aventure bientôt, en gardant ses bêtes par les champs, perdre son pucelage, et se marier pour des pommes ou des roses avec quelque berger ; et, ce disoit Napé,