Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/112

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Et c’est ainsi qu’un berceau charmant, qui n’était autre que celui où Prosper avait dormi ses sommeils de nourrisson, égayait maintenant la chambre de l’orpheline.



Elle avait retrouvé sa voix et, le soir, tôt retirée au second étage, elle fredonnait de jolies complaintes wallonnes pour endormir le petit. Les Claes, un peu surpris d’abord d’entendre chanter dans la morne maison, en étaient bientôt venus à attendre comme une joie le frais ramage de la jeune fille, de même que le bruit léger de ses allées et venues au-dessus de leurs têtes leur rappelait, sans amertume à présent et presque avec une sorte de plaisir, le gai tapage que faisait jadis leur grand garçon en se couchant, encore qu’il prît soin de feutrer ses pas. Oui, c’était comme un baume pour leurs oreilles d’écouter de nouveau les craquements des vieilles poutres du plafond, et ils s’endormaient d’un cœur moins douloureux dans le rêve que le passé ressuscitait…

Or, un soir de juillet, ils s’étonnèrent de ne pas entendre le doux chant qu’ils attendaient d’ordinaire pour se retirer dans leur chambre.

— Camille est en retard aujourd’hui, dit le quincaillier. Sans doute qu’elle reste bavarder avec les Lust avant de remonter avec le petit…

— Mais non, repartit Mme  Claes, il me semble bien quelle est chez elle… Seulement, il fait si