Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/122

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à longue crinière blonde, fils du pâtissier Lavaert qui demeurait en face.

— Le père m’a chargé de vous prévenir qu’il ne pourrait se rendre au Château d’Or avant dix heures à cause de la fabrication du pain blanc pour les malades, vous comprenez.

— Ça tombe bien, repartit Vergust ; moi aussi, je dois encore travailler…

— Faites donc à votre aise, dit le jeune homme avec condescendance, le premier arrivé attendra l’autre…

Et se tournant vers les tripières qui rangeaient l’agenda et le grand livre dans le pupitre :

— J’espère, Mesdames, que vous êtes contentes de la journée ? Hein, je n’ai pas besoin de le demander, ça marche toujours à vos souhaits ?

Décidément, il n’entendait pas se retirer si vite et avait envie de causer. Après cela, son message n’était sans doute qu’une bonne occasion de visite. Comment imaginer en effet qu’un jeune artiste comme lui, élève dans la classe de déclamation au Conservatoire, eût consenti à remplir ce rôle de commissionnaire, à moins qu’une raison supérieure ne dominât sa fatuité de cabot ?

Le riche corsage de Mlle Emma, ses joues colorées des tons de la court-pendue, exerçaient sur lui un vif attrait depuis l’époque de sa précoce puberté, c’est-à-dire depuis six ou sept ans que le pâtissier Lavaert était venu s’établir en face de la triperie. De fait, Emma Vergust lui avait toujours semblé fort appétissante et il cherchait à être en coquetterie avec elle.