Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/138

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Soudain, le jeune homme se cacha la figure derrière ses mains :

— Mademoiselle Emma, Mademoiselle Emma, implorait-il avec des larmes, ne me chassez pas comme cela ! Je vous aime sincèrement. Dites-moi seulement une bonne parole. Oui. ie vous le jure, je partirai… Mais pardonnez-moi avant que je m’en aille… peut-être pour toujours !

Le visage de la jeune fille s’était détendu. Les pleurs de ce grand garçon l’attendrissaient visiblement. Cette fois, elle croyait presque à la sincérité de sa détermination.

Elle fit signe au chemineau d’abandonner son attitude provocante et, d’une voix radoucie :

— Eh bien oui, je vous pardonnerai si vous faites votre devoir.

La physionomie du jeune homme s’éclaira :

— Je partirai et pas plus tard que demain ! Peut-être n’exigeait-elle pas autant de hâte : — Et comment ferez-vous ? interrogea-t-elle avec un accent de sollicitude. Passer la frontière n’est pas aussi commode que vous pensez…

— Tant pis, fit-il d’un air résolu, je saurai bien me débrouiller…

Mais elle n’avait pas confiance dans le génie pratique de cet intellectuel.

— Vous ne connaissez pas le pays. Vous vous ferez tout de suite pincer…

En même temps, elle adressait un regard à l’étrange visiteur comme pour l’engager à donner son avis.

— Mademoiselle a raison, confirma ce der-