Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/161

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— Vous dites ça, répondit le tripier, mais ce monsieur n’est pas forcé de vous croire…

— Allons, intima le soldat, il faut me suivre à la Kommandantur.

Le sellier essaya de parlementer, mais rien ne faisait : le patrouilleur semblait inexorable.

Tout à coup, Vergust eut un haut-le-corps.

— Hé, mais c’est M. Mosheim ! Je me disais bien… Pardon de ne pas vous avoir remis dans l’obscurité.

— Ça n’est rien, mon cher mossieu Vergust… Comment ça va ?

Il expliqua que ce n’était pas pour son plaisir qu’il était de ronde ; mais il devait s’incliner devant les ordres supérieurs et faire son service avec d’autant plus de conscience qu’on se défiait de lui, vu sa qualité d’Alsacien. Depuis longtemps des relations aimables s’étaient établies entre le landsturm et le tripier : celui-ci, malgré sa répugnance, avait jugé imprudent de garder une attitude hostile envers cet homme impénétrable. Aussi avait-il donné des ordres pour qu’on servît Mosheim royalement et à prix réduit chaque fois qu’il viendrait s’approvisionner à la boutique.

Cependant, cet échange de politesse, commençait à rassurer le sellier :

— Allons, vous savez bien à qui vous avez à faire M. Mosheim, dit-il, de sa voix la plus mielleuse. Vous me connaissez depuis longtemps.

Mais Mosheim lui envoya de nouveau dans la figure le jet fulgurant de sa torche électrique :

— Oui, je fous connais pien, dit-il froide-