Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/207

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— Un hôtel, vous dites ? Allons, vous voulez me faire poser !

— Mais non, pas le moins du monde. Je dis un hôtel comme c’est imprimé sur l’affiche du notaire, et un hôtel tout meublé encore, rempli de tableaux, et avec un jardin derrière, grand comme le Parc !

— Et Avenue de Tervueren, grinça le sellier. Mais ça doit coûter quelque chose !

— Pas du tout… Je l’ai eu à très bon marché au contraire, une véritable occasion…

— Combien donc ?

— Bé, cinq cent mille francs, c’est pour rien. Même que je peux tout de suite le revendre six cent mille si je veux. Mais pas si bête !

Buellings n’avait peut-être jamais autant souffert. Sa bile entrait en éruption.

— Vous ne saurez pas quoi faire là-dedans, dit-il méprisant, et vous vous embêterez à mille francs l’heure !

— Je ne crois pas, fit Vergust. Et puis, si ça m’embête, je revends le tout pour un million ! Mais non, ça sera pour ma fille qui va se marier après la guerre… Car elle est fiancée pour de bon maintenant…

— Et avec qui donc ?

— Mais avec le fils Lavaert qui est au front et se conduit comme un brave. Même qu’il est déjà décoré !

— Ah ! vous avez de ses nouvelles ?

— Mais régulièrement, répondit imprudemment le tripier. Emma est une fine mouche, qui