Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/224

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qué que les chiens ont certains sens plus développés que les nôtres et qu’ils devinent souvent des choses dont nous ne nous doutons pas… Il faut convenir que sous ce rapport Tom est un chien exceptionnel. Vous n’étiez pas ici à cette époque : vous ne savez pas combien il a gémi et hurlé lors de la grande bataille où Monsieur Prosper… Et c’est précisément ce jour-là qu’il est parti de la maison. C’est sans doute en se rappelant ces choses extraordinaires que Bernard se demande pourquoi Tom est toujours de si bonne humeur à présent…

— C’est curieux, en effet, fit la jeune femme douloureusement intriguée. Comment Bernard ne m’a-t-il jamais parlé de cela ?

— Oh ! le pauvre garçon aurait bien trop peur de vous faire de la peine. Avec moi, c’est différent : il ose me parler de Monsieur Prosper et des recherches infructueuses de Victor pour retrouver son ami sur le champ de bataille… On dirait presque qu’il ne veut pas désespérer… Oh ! s’il avait raison !

Brusquement, elle embrassa de nouveau son amie pour se soustraire à l’acuité de ses regards.

— C’est vrai peut-être, chère Camille qu’il ne faut jamais désespérer… À demain !

Elle avait disparu depuis longtemps que la jeune femme demeurait encore immobile, dans une sorte prostration rêveuse, pensant à l’entrain inaccoutumé de Martha, à ses propos singuliers qu’elle rapprochait en ce moment des exhortations souriantes du vieux missionnaire.

Cet espoir confus auquel sa pensée s’ouvrait