Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/242

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effrayant des machinations encore plus sanguinaires que réservait à la ville martyre leur honteux génie de déprédation et de meurtre !

Dans le petit salon de Théodore, les clients s’effaraient, sursautant à chaque détonation dont l’éclat sec, terrible semblait rompre des fibres dans les poitrines…

Aux conversations si gaîment enfiévrées de la veille, avait succédé une sorte de recueillement morne, à peine coupé de petites phrases, de réflexions bégayantes.

— Je me suis laissé dire, hasarda le père De Bouck, qu’ils ont miné toute la ville…

— Est-ce possible ? gémissait le coiffeur dont la main, si ferme d’habitude, tremblait aujourd’hui sur le cuir pachydermique de Vergust.

— Hé là Théodore, grognait le tripier, ne coupez pas mon nez en bas, je dois encore m’en servir !

Le gros homme, quoique très impressionné lui-même, tenait à faire bonne contenance ; après cela, il exposait des raisons plus ou moins rassurantes :

— Miner toute la ville, allons donc ! C’est une trop grosse affaire… Ils n’ont pas eu le temps. Mais la gare du Midi et la gare du Nord, oui, ça je comprends !

— Mais pourquoi ?

— Tiens donc, pour détruire le chemin de fer et les wagons de manière qu’on ne sait pas les rattraper dans leur escampette !

En effet, l’explication n’était pas dépourvue d’une certaine logique ; on la commenta avec