Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leront, Madame Camille ! Et moi, je vous dis que vous ne saurez plus être triste !

Ces paroles étranges, dont son sévère et pensif regard appuyé sur les dévoués serviteurs ne parvenait pas à interrompre le flux pressé, l’indisposaient contre eux plutôt qu’elle ne leur en savait gré.

Martha elle-même, qui lui était devenue si chère, ne lui apportait plus le moindre réconfort. Après cela, la jeune fille pouvait-elle s’occuper de plaindre une veuve inconsolable quand la joie débordait son cœur ?

L’extraordinaire histoire qui courait le quartier ! Cet officier britannique auquel elle avait servi d’interprète, qui s’était déclaré tout à coup son authentique cousin !

Les yeux brûlés par les gaz, le jeune homme avait été sauvé de la cécité par Victor De Bouck. Noble et riche Irlandais, il voulait s’intéresser à ses parents inconnus dont le jeune oculiste lui avait révélé l’existence en Belgique. Plein de reconnaissance envers le fiancé de Martha, il entendait affranchir l’excellent Théodore de son humble métier, doter ses enfants… Cette aventure était un conte de fées…

Pour l’heure, le vaillant étranger, installé chez les De Bouck, attendait le retour de son cher médecin, comblé d’égards et de soins par ses hôtes improvisés. Soudainement éprise d’une grande affection pour la « Rose d’Irlande », ainsi que le galant officier avait tout de suite surnommé sa cousine, l’impérieuse charbonnière