Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/27

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Jusqu’à présent, De Bouck ne l’avait pas quitté ; nature énergique sous des dehors placides, l’interne accomplissait son devoir de brancardier avec une intrépidité tranquille et sans se croire dispensé pour cela de faire le coup de feu avec les camarades. C’était un bon troupier. L’avancement de son ami le réjouissait comme un avantage personnel et il ne lui venait pas même à l’idée de se plaindre qu’on oubliât d’améliorer sa propre situation. Toute son ambition se bornait à n’être pas séparé de Prosper ; pourvu qu’il pût s’épancher avec lui de ce qui leur tenait à cœur, l’excellent garçon se trouvait suffisamment bien partagé et ne prétendait à rien de plus.

Et puis, l’arrivée de James De Leuw était un grand réconfort ; le fils de Théodore auquel il avait fait l’aveu de son affection pour Martha, était un confident de plus qui lui donnait des nouvelles de la jeune fille et transmettait à celle-ci ses tendres pensées. James n’abusait pas de son rôle et gardait vis-à-vis des jeunes gens, qu’il avait si souvent « servis » dans le salon de son père, une déférence de bon aloi, encore que les amis l’eussent tout de suite mis à l’aise en le traitant comme un frère d’armes. Les trois enfants de la rue de Flandre ne se quittaient guère. Aussi, l’ordre de départ pour Gaillon, qui vint surprendre Prosper au début de février, causa-t-il à ses camarades un vif désappointement. C’était une absence d’un mois et demi environ ; le sergent se reprochait presque d’abandonner ses amis dans les boues de Nieuport pour aller respirer, comme il disait, l’air léger des coteaux de la Seine