Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/37

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Il était assez crotté, mais Bernard n’y prit pas garde, tant la subite présence de l’animal faisait diversion à son ennui.

Cependant, le chien qui avait aperçu Mosheim, se mit à gronder :

— Silence, commanda doucement le commis, couche-toi, mon ami !

Mais Tom, les yeux ardents et le poil hérissé, résistait, continuait de grogner au soudard, contractant et retroussant ses babines sur ses solides crocs immaculés.

— Hé ! attention, fit Mosheim avec inquiétude. Est-ce qu’il est méchant ?

— Il y a des figures qui ne lui plaisent pas, répondit hardiment Bernard ; mais soyez sans crainte, je le tiens par son collier…

Cette assurance ne parut pas tranquilliser le soldat auquel la vigueur du pauvre employé ne disait rien qui vaille. Aussi jugea-t-il prudent de ne pas flâner davantage dans un endroit qu’il avait du reste suffisamment examiné.

— Allons, je m’en vais ; je reviendrai un autre jour pour causer d’affaires. Bien des compliments à Monsieur Prosper à l’occasion. Bonne chance, mon ami !

Comme le chien continuait à l’observer, il prit soin de faire un détour pour éviter le risque d’un coup de dent et sortit du magasin bien plus lestement qu’on ne l’eût attendu de ses allures pataudes.

Un soupir de délivrance s’exhala de la poitrine du jeune homme, qui alla reprendre sa place au pupitre où, de sang-froid, il se mit à réfléchir à