Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/67

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condescendance, lorsqu’une sorte de contrainte irrésistible l’obligea à se lever pour répondre à la révérence silencieuse de la jeune fille, tant celle-ci lui imposa subitement par l’ascendant de sa beauté à la fois fière et douce.

— Il y a bien longtemps que je n’ai eu l’avantage de vous voir, Mademoiselle ! Vraiment, je regrette beaucoup de n’avoir pas encore eu l’occasion de vous recevoir moi-même, quand vous venez quêter des provisions pour vos cantines populaires. Je suis toujours si occupée par les affaires… Vous me pardonnez, n’est-ce pas ?

Cette amabilité, à laquelle ils étaient si loin de s’attendre, apaisa brusquement les craintes du père et de la fille. La charbonnière ignorait certainement le secret de l’interne ; dès lors, peu importait le motif de sa visite : il n’avait rien qui pût les alarmer.

— Oh ! madame, repartit Martha infiniment soulagée, ne vous excusez pas, je vous prie… Vous êtes vraiment trop bonne… C’est moi qui serais fâchée si vous vous dérangiez pour une pauvre mendiante. D’ailleurs Mlle  Charlotte est toujours si gentille quand elle me reçoit… J’en suis confuse… Pauvre enfant ! Comme je la plains de son malheur… Est-ce qu’elle commence à se faire une raison ?

À cette voix douce et musicale, encore relevée d’une pointe d’accent étranger, la surprise de la charbonnière n’était pas prête à se calmer.

— Il ne serait que temps, fit-elle avec un léger haussement d’épaules. Certes, je comprends que Charlotte ait eu un gros chagrin au début, mais