Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/77

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ciante avec hauteur, mais, moi vivante, un tel mariage ne…

— Vous jugez sans doute qu’il serait une mésalliance… Je ne veux pas même entreprendre de vous détromper. Je sens comme cela serait inutile surtout en ce moment. Mais rassurez-vous, Madame, ni Victor ni moi ne feront rien contre votre volonté…

— C’est fort heureux, ricana la charbonnière, mais encore faut-il que mon fils accepte le parti que nous avons en vue pour lui…

Et comme la jeune fille fixait sur elle son regard d’une expression douloureuse :

— Oui, Mademoiselle, nous avons nos projets un peu différents des vôtres. Aussi, j’attends de votre dignité que vous fassiez connaître à mon fils, et le plus tôt possible, que vous retirez votre parole, que vous ne l’aimez plus.

— Y pensez-vous, Madame ! Mais c’est impossible ! Il faut craindre de le désespérer surtout en ce moment…

— C’est vrai, dit le coiffeur sourdement, il n’aurait qu’à se faire tuer à la première occasion…

La charbonnière ne put retenir un mouvement d’effroi. Oui, ils avaient peut-être raison. Plus elle regardait Martha, si pétrie de distinction et de charme, si droite de sentiment, plus elle comprenait qu’elle dût inspirer à son fils un attachement profond auquel il pouvait être dangereux pour le soldat de s’opposer avec une rigueur immédiate, inexorable. Il fallait attendre, dénouer lentement ces liens ridicules.