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LE MARIAGE D’HERMANCE

tout surpris de s’entendre siffloter de petites chansons de moineau d’avril.

L’air avait quelque chose d’embaumé, de voluptueux qu’il respirait avec enivrement. Jamais il ne s’était senti plus léger ; son sang, si placide d’ordinaire, s’agitait aujourd’hui dans ses veines comme du vif argent.

Il se découvrait subitement une extrême curiosité à l’endroit des femmes ; c’était la première fois qu’elles le captivaient de la sorte. Il les regardait avec une inconsciente surprise, les yeux agrandis et rêveurs comme ceux des enfants ; il lui arrivait même, ce qui n’était pas dans les habitudes de sa politesse ou dans celles de son indifférence, de se retourner sur une fille du peuple qui allait pavoisée de rubans multicolores, la figure hardiment sensuelle sous un casque ou une tiare de lourds cheveux gras.

Il s’émerveillait du vernis de leurs joues,