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LA LIGNE DES HESPÉRIDES

tristesse empreinte dans sa voix et ses yeux : des mots vrais en avaient débordé.

Ah, quelle confiance elle m’avait témoignée ! Pourtant, en étais-je si fier que cela ? Au fond, j’eusse préféré ne point passer pour aussi honnête garçon, ce personnage m’apparaissant en l’occurrence assez ridicule. Pourquoi le nier, cette femme commençait à m’intéresser beaucoup.

Je l’avais d’abord détestée de loin comme une créature dangereuse, perverse. Quelle injustice ! De près, je lui étais moins sévère. Certes, il ne fallait pas la doter de vertus dont elle ne se souciait pas. Elle était coquette, mais non artificieuse. Reynaud l’avait immédiatement parée de toutes les grâces et c’était son erreur.

Il n’avait pas su comprendre cette femme futile, l’aimer comme elle demandait sans doute qu’on l’aimât. Oui, Valentine était singulière, décevante, imprévue même pour elle, un peu