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LES DEUX CROISIÈRES

Puis il continua de fumer son cigare en causant avec des engineers. Une attitude si tranquille ne pouvait marquer un péril extrême. Toute crainte s’évanouit. Les émigrants rassurés regagnèrent l’entrepont. Aussi bien, la mer devenait dure et nous commencions à piquer dans la vague, encore que les focs eussent été cargués.

Je me dirigeais vers l’arrière d’un pas savant et bien appuyé de vieux marin, quand j’aperçus un jeune homme et une jeune fille que je n’avais pas encore remarqués, malgré nos trois jours de navigation, parmi les six cents émigrants que portait l’immense paquebot. Ils se tenaient accoudés sur le plat bord d’arrière et suivaient d’un long et triste regard le koff hollandais que nous avions rencontré et qui s’en retournait, plein d’ailes, vers la douce Europe, déjà si lointaine…