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LES DEUX CROISIÈRES

comme un lavis à l’encre de Chine, apparaît au lointain.

Sandy Hook !

On se rue à l’avant. Tous, les yeux exorbités, nous crions : « Sandy Hook » ! sans bien savoir ce que c’est.

On entend maintenant le rugissement, le roaring des bouées à air qui guident les vaisseaux au milieu de la nuit et de la ouate des brouillards que nulle lumière ne saurait percer.

À de courts intervalles, d’immenses paquebots croisent le Pennland, qu’ils saluent de leur pavillon.

Mais la côte cendrée s’élève lentement au-dessus de la mer ; déjà l’on distingue des hautes maisons solitaires qui semblent suspendues entre le ciel et l’eau.

Tout à coup, le Pennland frôle une balise : c’est la première ; il vient d’embouquer le chenal.

Alors, ébloui, ivre de lumière, je descends dans le steerage pour reposer mes yeux. Et, justement, la petite Eva