Page:Court - De l’empoisonnement par le tabac et de son traitement chez nos animaux domestiques.djvu/14

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coup plus lents, plus bénins, s’il contient des aliments verts ayant une grande quantité d’eau de végétation.

Quelle est la quantité de tabac nécessaire pour produire l’empoisonnement chez nos diverses espèces d’animaux domestiques ? On ne peut l’apprécier qu’approximativement, les expériences faites à ce sujet n’étant ni assez nombreuses, ni assez concluantes. De plus, nous l’avons déjà dit, tous les tabacs sont loin de contenir la même quantité de nicotine et les effets sont en raison directe de la proportion de cet alcaloïde ingérée. Il faudra, par exemple, qu’un animal prenne deux fois plus de tabac de l’Alsace que de celui du Lot-et-Garonne et surtout du Lot, pour que les désordres produits aient la même intensité. D’après M. Hertwig, 1 à 3 kilogrammes de tabac en feuilles n’auraient produit chez le cheval que le dégoût et une évacuation urinaire copieuse. Malgré toute l’autorité du nom de cet habile expérimentateur, nous doutons fort que cette quantité soit nécessaire pour produire des effets plus marqués. M. Hertwig n’a sans doute pas assez tenu compte de la qualité du tabac qu’il a employé dans ses expériences, car nous avons vu survenir des accidents sérieux à la suite de l’ingestion de quelques feuilles sèches seulement. Si les grands ruminants peuvent manger presque impunément le tabac frais et sur pied, en revanche ils sont facilement empoisonnés par celui qui est sec ou en voie de dessication. M. Hertwig a encore vu un de ces animaux succomber après l’ingestion de 2 kilogrammes de tabac sec. Nous sommes tout porté à croire qu’une dose bien inférieure eût été suffisante. M. Lanusse cite un cas dans lequel une feuille et demie aurait produit un empoisonnement très grave. Il est vrai qu’on avait administré à l’animal de l’eau vinaigrée dans le but d’empêcher l’intoxication de se produire, et que ce mé-