on avance dans la vie, plus on en voit l’inanité. Qu’est la volupté ? Un vain mot ! Qu’est le plaisir ? Une apparence ! Vous me direz que pour un vieux célibataire, la vie de café a bien ses charmes. C’est vrai, mais que d’inconvénients ! À la longue, ça devient monotone, onéreux, et puis il arrive un âge où…
Oh !
Qu’est-ce qu’il y a ?
J’ai oublié de refermer le robinet de la fontaine.
Petite bête ! Ça doit être du propre.
Je me sauve. Je vous annoncerai en même temps.
Scène II
Pas de cervelle, mais de l’esprit. Cette enfant ne me déplaît pas. L’appartement non plus, d’ailleurs. Ameublement bourgeois mais confortable, bourrelets aux fenêtres et sous les portes… La cheminée (Il s’accroupit devant l’âtre.) ronfle comme un sonneur et tire comme un maître d’armes. (Se laissant tomber dans un fauteuil.) Non, mais voyez donc ce ressort !… Des Rillettes, mon petit lapin, tu me parais avoir trouvé tes invalides et tu seras ici, je te le répète, ni plus ni moins que dans un bain de sirop de sucre. Je te fais bien mes compliments. Du bruit ! Ce sont probablement M. et Mme Boulingrin.
Scène III
Madame et monsieur Boulingrin, je suis bien votre serviteur.
Eh ! bonjour, monsieur des Rillettes.
C’est fort aimable à vous d’être venu nous voir.
Vous tombez à propos.
Bah !
Comme marée en carême.
J’en suis bien aise.
Dites-moi, monsieur des Rillettes…
Madame ?…
Pardon ! moi d’abord.
Non. Moi !
Non !
N’écoutez pas, monsieur des Rillettes. Mon mari ne dit que des bêtises.
Que des bêtises !…
Oui, que des bêtises.
Tu vas voir un peu, tout à l’heure, si je ne vais pas aller t’apprendre la politesse avec une bonne paire de claques. Espèce de grue !
Voyou !
Comment as-tu dit cela ?
J’ai dit : « Voyou ».
Tonnerre !… Et puis tu embêtes monsieur. Veux-tu bien le lâcher tout de suite !
Lâche-le toi-même.
Non. Toi !
Non !
Oh !
Tu entends. Tu le fais crier.
Excusez-moi, madame et monsieur Boulingrin, mais je vois que vous êtes en affaires et je craindrais d’être importun.
Nullement.
Point du tout.
Au contraire.
Cependant…