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MADAME BOULINGRIN.

Écoutez, monsieur des Rillettes, voulez-vous me rendre un service ?

DES RILLETTES.

Très volontiers.

MADAME BOULINGRIN.

Bien. Enlevez-moi.

DES RILLETTES.

Vous dites ?

MADAME BOULINGRIN.

Je dis : « Enlevez-moi. »

DES RILLETTES, suffoqué.

Ça, par exemple, c’est le bouquet ! Vous voulez que je vous enlève ?

MADAME BOULINGRIN.

Je vous en prie.

DES RILLETTES.

Eh ! Je ne peux pas !

MADAME BOULINGRIN.

Pourquoi donc ?

DES RILLETTES.

J’ai un vieux collage, ça me ferait avoir des histoires.

MADAME BOULINGRIN.

Vous refusez ?

DES RILLETTES.

À mon grand regret ; mais enfin soyez raisonnable…

MADAME BOULINGRIN.

Vous refusez ?

DES RILLETTES.

Puisque je vous dis…

MADAME BOULINGRIN.

Eh bien ! je vous préviens d’une chose : c’est que vous allez être la cause de grands malheurs.

DES RILLETTES.

Moi ?

MADAME BOULINGRIN.

Vous. Oh ! inutile de faire les grands bras. Avant — vous entendez ? — avant qu’il soit l’âge d’un petit cochon, il y aura, à cette place, un cadavre !!! Puisse le sang qui aura coulé par votre faute ne pas retomber sur votre tête !

DES RILLETTES, les poings aux tempes.

Mais c’est à devenir fou ! Mais qu’est ce que je vous ai fait ? Mais ça devient odieux, à la fin ?

MADAME BOULINGRIN.

Ail ! c’est qu’il ne faut pas, non plus, tirer trop fort sur la ficelle, ou alors tout casse, tant pis ! Voilà dix ans que j’y mets de la bonne volonté ; ça ne peut pas durer toute la
MADAME BOULINGRIN. — Buvez !