Page:Courteline - L'illustre Piégelé, 1904.djvu/34

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Puis voyant mon front s’empourprer d’une rougeur d’humiliation :

— Je m’empresse d’ajouter, reprit-il, qu’il est d’un effet certain.

— Oui ?

— Oui… et — qualité appréciable — de nature à avantager la plastique des personnes bien faites.

— Ah ! ah !

— Voilà qui vous décide ?

— Un mot encore, répondis-je. Comment est-ce que je serai habillé ?

— En or et noir.

J’entendis mal. Je me vis costumé en vespasienne, et l’évoqué dégradant d’une semblable mascarade me jeta au violent soubresaut d’un monsieur qui reçoit une claque ; mais Legourdo ayant rectifié le tir et dissipé la confusion dont je venais d’être victime, je sentis, comme Ange Pitou dans la Fille de Mme Angot, mon cœur renaître à l’espérance. Il s’ouvrit tout grand à l’orgueil lorsque mon interlocuteur, d’un simple et combien éloquent : « Vous apparaissez par une trappe », eut fait flamboyer à mes yeux la torche des gloires assurées. Quoi ! tout de noir et d’or vêtu, j’apparaîtrais par une trappe ?… Somptueux et majestueux, lentement, je surgirais au-dessus du plancher de la scène comme une manière de soleil